Un monde féerique
Le vendredi 25 novembre 2022
Entretien avec Pierre Bleuse, Chef d’orchestre du Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn
Quel est votre lien avec cette œuvre de Mendelssohn ? Comment l’abordez-vous ?
Le premier contact avec Ein Sommernachtstraum (Le Songe d’une nuit d’été) fût très spontané et direct car j’ai remplacé, au pied levé, Josep Pons, avec l’Orchestre National du Capitole de Toulouse, lors de mes débuts de chef d’orchestre. J’ai dû absorber cette partition en une nuit. Cela a été une expérience très belle et riche car je me suis senti guidé par cette musique. Cette partition porte en elle une vivacité et une joie très forte qui nous transporte dans un monde féerique où l’on croise une multitude de couleurs et où les sentiments s’entremêlent passionnément.
Dans ce concert, musique et images sont mêlées. Comment envisagez-vous leur cohabitation ?
J’admire l’univers de Grégoire Pont et je crois que ce sera la rencontre de deux œuvres d’art. J’aime cette idée de confrontation entre l’image et le son. Nous avons parfois nos propres constructions mentales en réaction à une œuvre musicale. Notre imaginaire, en réaction à la musique, nous évoque telle image ou telle couleur. Grégoire Pont va, cette fois, nous offrir sa vision du Songe.
Allons-nous écouter cette œuvre musicale différemment avec ce récit visuel ?
Je crois que, comme à l’opéra avec la mise en scène, le public assistera à un spectacle complet donc, en cela, c’est bien entendu une expérience différente du concert. Toutefois, je pense que la musique a cette force de vous envelopper entièrement, elle entre en vous d’une telle manière qu’elle garde de toute façon son identité et son caractère propre. Nous aurons la chance d’avoir ici la vue et l’ouïe en éveil.
En tant que chef, vous appuyez-vous, vous-même, sur des images pour travailler une partition ?
Non, je dois dire que je n’utilise pas ce support. Je travaille avec la matière sonore. Je crée un espace en moi où j’imagine les sons avant de les entendre réellement, comme un palais imaginaire où je peux jouer avec ces sons en les mélangeant, les transformant, et j’essaye toujours d’être guidé par le sens des notes. Je crois que le son n’est vraiment intéressant que lorsque qu’on lui donne une raison d’être. Alors, nous sortons de l’idée du « beau son » pour explorer une multitude de sonorités et d’expressions. On dit que l’origine de la musique était la tentative de l’homme de communiquer avec l’invisible ; j’essaye toujours de cultiver cette dimension magique dans mon travail.
Propos recueillis par Vinciane Laumonier • juin 2022
Chère au romantisme, la nuit est un théâtre privilégié pour tout ceux qui vivent mal les lumières vives et le prosaïsme. C’est également, et ce depuis des siècles, le lieu où la raison cède la place à tout un monde fantastique plus ou moins inquiétant.
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