Sa musique va droit au cœur
Le mardi 8 octobre 2024
Quatre questions à Raphaëlle Moreau, violoniste
Carl Nielsen est un compositeur peu connu. Pourquoi le programmer aujourd’hui ?
Il m’a toujours paru important de jouer des compositeurs méconnus ou oubliés et de redonner vie à des œuvres peu programmées. Bien que le nom de Carl Nielsen soit peu familier aux français, il est une figure emblématique au Danemark, presque un héros national. Son portrait figurait même sur les billets de cent couronnes, l’équivalent de nos billets de dix euros. La musique de Nielsen est unique, elle ne ressemble ni aux compositeurs de la fin du romantisme ni à Stravinsky et Prokofiev. Il a su développer un langage musical propre.
Qu’est-ce qui vous a particulièrement séduit dans son Concerto pour violon ?
Le Concerto pour violon de Nielsen ne figure pas parmi les cinq concertos les plus joués par les violonistes, mais c’est un véritable bijou. Il offre une palette fascinante à explorer pour l’interprète. D’un côté très romantique, avec des passages d’un lyrisme remarquable et des harmonies apaisantes, il comporte également des moments rythmés et fougueux. La structure du Concerto m’a également captivée. Contrairement à la forme classique en trois mouvements, ici, on trouve deux mouvements longs, chacun s’ouvrant sur un prélude lent suivi d’une section plus vive et extravertie.
Quels défis techniques rencontrez-vous dans ce Concerto ?
Nielsen, lui-même violoniste de grand talent, a composé un concerto où le violon brille sans jamais tomber dans une virtuosité gratuite, même lors des deux cadences, pourtant techniquement très exigeantes. Le violon ne s’impose jamais et les motifs musicaux se développent et s’enrichissent entre l’orchestre et le soliste. Ce Concerto met magnifiquement en valeur l’étendue des possibilités de l’instrument.
Décririez-vous cette musique comme « scandinave » ?
Il est très difficile de traduire en mots un style de musique, surtout lorsqu’il s’agit de le ramener à une zone géographique. Mais il est vrai que je retrouve dans la musique de Nielsen la pureté des paysages scandinaves. Je retrouve à la fois la nature suédoise, car Nielsen a commencé la composition du Concerto à Bergen dans la maison d’été de Nina Grieg, la veuve du compositeur Edvard Grieg, mais aussi la nature de son pays natal, le Danemark. Sa musique est apaisante. Elle va droit au cœur.
Propos recueillis par Solène Souriau