Un voyage joyeux et enrichissant
Le mardi 21 novembre 2023
Entretien avec Gemma New, cheffe d’orchestre.
En quoi la symphonie « Jupiter » vous enthousiasme-t-elle ?
Elle est pleine de charme et on se laisse facilement emporter par son élan et par la maitrise musicale que Mozart exprime. J’espère que le public sera surpris par la vivacité des contrastes de notre interprétation. Rien que dans les deux premières mesures, on entend à la fois une irrésistible fanfare et une mélodie douce et caressante. Notre but est de faire ressortir chaque trait de la musique de Mozart. Il en a mis beaucoup dans cette œuvre !
Vous dirigerez également le Concerto pour clarinette. Qu’est-ce qui vous plaît dans cette pièce ?
C’est une autre œuvre superbe, composée par Mozart à la fin de sa vie. Le public appréciera sa virtuosité et sa délicatesse par le biais de notre soliste Pierre Génisson. Je suis particulièrement touchée par les longues phrases du deuxième mouvement qui se déploient comme une arche. Sublime !
Que ressentez-vous avec Mozart ?
Interpréter la musique de Mozart, c’est créer de l’énergie, du chant et des ensembles dans la forme la plus pure et la plus parfaite. C’est une musique qui demande une attention constante. Pour la jouer la plus naturellement possible, il faut l’étudier de manière très approfondie. Et c’est un voyage finalement joyeux et enrichissant pour tous. J’adore interpréter sa musique et j’ai hâte de collaborer avec l’Orchestre de l’Opéra de Rouen pour ce programme dédié à Mozart.
Vous avez découvert la musique grâce au violon, que votre mère et votre grand-mère jouaient avant vous. Votre approche musicale a été familiale et féminine…
Oui, mais j’ai eu ensuite la chance d’avoir de nombreux mentors musicaux inspirants, hommes comme femmes.
Ma mère et mon père sont, en tout cas, toujours très proches de moi.
Comment voyez-vous le rôle du chef d’orchestre ?
Plus que tout autre métier musical, je pense que la clé de la direction d’orchestre est la communication, car notre « instrument » est l’ensemble des musiciens. Nous les rassemblons et créons un cadre leur permettant de jouer de leur mieux. Je ressens beaucoup de choses devant un orchestre. Souvent, c’est un mélange de calme, pour que la concentration et la clarté puissent être transmises aux musiciens, et aussi d’excitation, de passion et d’amour pour la musique, ce qui contribue à créer un environnement ouvert où les musiciens peuvent expérimenter, créer et jouer en se sentant soutenus.
En quoi la musique orchestrale vous fait-elle vibrer ?
Il y a un aspect spirituel de la musique orchestrale que l’on ressent fortement lorsque nous jouons et que nous sommes synchronisés. Je crois que jouer et écouter de la musique peut nous apporter un épanouissement profondément spirituel.
Propos recueillis par Vinciane Laumonier.