Un enthousiasme toujours renouvelé
Le lundi 2 octobre 2023
Entretien avec Lucienne Renaudin Vary, trompettiste.
Le Concerto pour trompette de Hummel est l’une de vos œuvres fétiches. Quel lien avez-vous avec elle ?
C’est l’un des premiers concertos que j’ai joué à l’âge de dix ans et de nombreuses fois depuis. La trompette a un répertoire assez restreint et le Concerto de Hummel est un tube aux côtés de celui d’Haydn. Je crois que j’y puise un enthousiasme toujours renouvelé. À chaque interprétation, je découvre une humeur, un détail ou une énergie nouvelle soutenue par l’orchestre. C’est ainsi qu’on se rend compte qu’on joue un chef-d’œuvre !
C’est une œuvre plutôt optimiste. Comment la ressentez-vous ?
Lorsque j’interprète une œuvre, je ne vois pas d’images dans ma tête mais cherche plutôt à incarner des émotions. Et j’en ressens beaucoup avec ce concerto ! Le 2e mouvement est assez romantique. Même s’il est en mineur, il ouvre des passages lumineux, comme une trouée claire à travers les nuages. Le 3e mouvement est un véritable feu d’artifice !
Vous êtes, à vingt-quatre ans, une star de la trompette mais c’est un peu par hasard que vous vous êtes tournée vers cet instrument…
Tout à fait ! J’étudiais le piano au conservatoire du Mans et ne m’en réjouissais pas spécialement. Un jour, les professeurs de trompette sont venus présenter l’instrument dont les classes étaient désertées. Je l’ai immédiatement trouvée intrigante et originale. J’ai tout adoré d’elle et ai harcelé mes parents pour m’inscrire au cours.
Une sorte de boulimie trompettiste alors ?
Une passion immédiate à tel point que je jouais six heures par jour en plus de l’école ! Mes parents ont dû me confisquer l’embouchure pour calmer mon entrain. La trompette sollicite beaucoup les muscles de la bouche et les lèvres. Il faut s’aménager des pauses dans le travail pour éviter les claquages douloureux. Contrairement à ce que l’on pense, il n’est pas question de force et de souffle avec la trompette mais plutôt de gestion d’énergie et de respiration.
Qu’est-ce que la trompette vous a appris ?
Elle est ma vie. J’en joue, tous les jours, depuis que j’ai huit ans et je ne peux pas la dissocier de moi. J’ai l’impression de pouvoir aller n’importe où avec elle, du classique au jazz, de l’intime au partage. Si elle m’a appris une chose, c’est d’avoir le plaisir d’aimer ce que je fais !
Allez-vous jouer pieds nus, comme vous en avez l’habitude ?
Certainement ! Ça dépendra de ma tenue mais je vis à 80% pieds nus. Cela m’offre une stabilité, un ancrage dans le sol et la sensation d’éprouver davantage les vibrations de la musique. J’associe beaucoup la musique à la danse. J’ai fait sept ans de danse, un vrai bonheur qui m’a donné le goût du plateau, de la lumière et l’excitation de rencontrer un public.
Propos recueillis par Vinciane Laumonier.