Un discours qui exige du spectaculaire
Le lundi 22 janvier 2024
Entretien avec Rinaldo Alessandrini, chef d’orchestre du concert Vivaldi, Telemann.
Vous qui avez tant voyagé, c’est votre première fois à Rouen. Comment envisagez-vous votre rencontre avec un nouvel orchestre ?
De manière générale, la rencontre avec un nouvel orchestre repose avant tout sur l’écoute. Il est très important d’entrevoir immédiatement les qualités de l’orchestre et de comprendre le type de travail à réaliser, afin de modifier ou d’adapter certains paramètres d’interprétation aux besoins du répertoire.
Que souhaitez-vous partager avec ce concert ?
Le programme est largement basé sur la musique de danse. Le message musical est donc celui d’une musique légère mais pas banale, fluide mais aussi pleine de détails, pas excessivement complexe mais non dénuée de sens. J’espère que le public percevra un aperçu des coutumes sociales de la première moitié du XVIIe siècle, en Allemagne et en Angleterre, où la danse à la française était un signe distinctif de convivialité et de position sociale.
Telemann a écrit de nombreuses Ouvertures. Pourquoi votre choix s’est-il arrêté sur celles-ci ?
Le programme a été choisi afin d’utiliser le plus grand nombre de possibilités orchestrales. Nous voulions aussi mettre en valeur l’utilisation variée des instruments à vent.
Quel est le motet de Vivaldi que vous allez diriger ?
Ce motet de Vivaldi fait partie d’une vaste production de motets extra liturgiques, destinés à des chanteurs spécifiques.
Dans ce cas, il s’agissait certainement d’une soprano particulièrement douée pour le chant, l’agilité et l’expression lyrique. Vivaldi a composé de nombreux motets, dont les voix de destination finale sont connues, sauf pour quelques cas qui n’étaient dédiés à aucune occasion du calendrier liturgique. Ils faisaient partie de l’appareil musical destiné à la messe ou aux vêpres qui, dans l’Italie du XVIIe siècle, constituaient avant tout l’occasion de représentations musicales, parfois en grandes dimensions.
Que provoque en vous ces pièces particulièrement brillantes ?
La musique sacrée italienne de la première moitié du XVIIe siècle n’a rien à voir avec le sens mystique, qui a été peut-être plus évident au siècle suivant. Généralement, le langage musical est calqué sur celui de l’opéra. De là vient la nécessité de s’impliquer dans un discours musical qui ne s’intéresse pas à la modération mais qui exige du spectaculaire, quel que soit le sentiment exprimé.
En quoi la voix de Bruno de Sá est-elle intéressante pour vous ?
Je n’ai jamais travaillé avec lui mais je connais ses caractéristiques de tessiture et d’agilité qui en font un chanteur particulièrement attrayant.
Propos recueillis par Vinciane Laumonier •