Une fantaisie virevoltante et colorée
Le vendredi 4 novembre 2022
Entretien avec Chloé Dufresne, Cheffe d’orchestre du Voyage dans la Lune
En quoi Le Voyage dans la Lune vous séduit-il ?
C’est un rêve. Offenbach l’écrit à la fin de sa carrière, avec des parties symphoniques riches. Il nous emmène dans un véritable voyage qui est rendu très vivant par la mise en scène inventive d’Olivier Fredj et les nombreux changements de décors.
Il y a de la fantaisie, du loufoque mais aussi des passages poétiques…
Tout à fait. L’œuvre est très humaine. Si elle joue avec la caricature, elle est aussi très sensible et critique vis-à-vis du pouvoir et de la place des femmes notamment. Le livret fait référence aux prémices d’une société de consommation que nous connaissons bien désormais. Cela rend sa lecture, aujourd’hui, encore plus savoureuse.
Qu’avez-vous à cœur de transmettre de la partition d’Offenbach ?
La partition, très dansante, regorge de timbres. Plus je la travaille et plus je m’attelle à varier les couleurs, à explorer davantage les ambiances mais aussi à faire respirer les temps de silence. J’ai le sentiment d’avoir une vision plus complète de l’œuvre et du spectacle qu’on propose.
Vous avez dirigé ce même opéra avec différents orchestres, quelle adaptation cela requiert-il ?
Cela permet d’essayer d’autres chemins et interprétations. Depuis notre première, le casting change et la mise en scène évolue aussi. Nous nous adaptons à chaque représentation. Quant aux orchestres, je réagis en fonction de leur son et de leur énergie. L’écoute et les humeurs changent, c’est aussi ça le spectacle vivant !
Qu’est-ce qui vous a guidée vers cette activité ?
J’ai d’abord chanté dans les chœurs d’enfants à l’Opéra de Montpellier et c’est tout naturellement que je me suis tournée vers la direction d’orchestre. À dix ans, j’étais animée par la musique, je n’avais pas vraiment de doutes et je savais que j’en ferai ma vie. Tout était assez fluide pour moi.
Votre jeunesse et le fait d’être une femme sont-ils des défis supplémentaires dans votre métier ?
Être un jeune chef est un grand défi car il faut être leader d’un groupe, responsable et supporter une forte pression sur ses épaules alors qu’on n’a pas encore beaucoup d’expérience. Être une femme cheffe l’est moins maintenant. Aujourd’hui, le leadership dominant, autoritaire et machiste ne fait plus la règle. Les formes de leadership se sont ouvertes à un éventail plus varié et le leadership féminin en fait partie. J’ai moi-même eu comme référence ma cheffe de chœur, ce qui a ouvert la porte des ambitions. Le plus gros défi est sans doute d’arriver à être soi-même.
Votre premier engagement professionnel était avec l’Opéra de Rouen. Cela participe-t-il d’une relation singulière avec l’Orchestre ?
Complètement ! L’Opéra de Rouen est sans doute ma maison préférée, je l’envisage comme un repère. C’est ici que j’ai le plus travaillé. Je connais l’Orchestre et cela insuffle une force et une confiance dans notre collaboration.
Propos recueillis par Vinciane Laumonier • juin 2022
L’une des caractéristiques principales de l’opéra-féerie est de présenter le maximum de tableaux, jouant sur le spectaculaire et la magie du théâtre. Cette version opère des coupures, notamment dans le texte parlé, car le spectacle durait à l’origine plus de quatre heures.
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